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La supply chain au défi de la sobriété énergétique

La supply chain au défi de la sobriété énergétique

Retour à la réalité

Ben voilà, on y est, cela fait maintenant plus de 20 ans que les experts de l’énergie tiraient la sonnette d’alarme, en prédisant que notre régime d’abondance énergétique, constitutif de bien des ans de notre société, de l’économie, à la politique en passant par l’éducation et la protection sociale, ne saurait durer éternellement.

Jouer les étonnés serait un acte de mauvaise foi, mais la déclaration du président de la république, M Emmanuel Macron, a tout de même surpris pas mal de monde par son caractère direct, voire brutal. « C’est la fin de l’abondance, et c’est là le prix de notre liberté ». Cette déclaration a ensuite relayée par la 1ere ministre, Mme Elisabeth Borne, qui non seulement a repris ces déclarations, mais a ajouté un effort de réduction de 10% de la consommation énergétique de la France, sous menace explicite de coupures d’approvisionnement pour les gros consommateurs qui ne joueraient pas le jeu.

Elisabeth Borne et Emmanuel Macron 1ere ministre et Président de la république française en 412 ppm, au moment du lever de rideau.

Le fait que cet effort puisse passer sans impact sur l’économie et la mythique croissance, ne sera pas commenté ici, JM Jancovici, que chacun connait, s’est clairement exprimé sur la situation, notamment dans son dernier opuscule, « le monde sans fin »

La BD que personne ne présente plus, dont le succès ne se dément pas, et dont l’utilité est indiscutable. Tant par la qualité de l’expression graphique, que de la rigueur scientifique et des traits d’humour qui la remplissent, un exploit quand on connait l’aridité du sujet.

Y voir un effet conjoncturel des conflits en Ukraine, des mauvaises performances de notre parc éolien qui a réussi à passer l’été en produisant en moyenne 5% de sa capacité, ou des problèmes de notre parc nucléaire, à l’arrêt pour maintenance et réparation d’équipements de sécurité, qui ont mis plus de 30% de sa capacité à l’arrêt, serait faire preuve d’une myopie certaine. Voire, comme le dit si bien NN Taleb, serait la preuve d’un biais narratif, tellement bien incrusté dans notre psychisme.

Pour rappel la performance de notre approvisionnement d’électricité cet été, pour les myopes,  bien noter que l’import en gris en bas, carboné donc, représente deux fois la contribution de notre parc éolien vert clair (le lecteur curieux pourra faire le calcul de la rentabilité comparée de l’éolien, et du nucléaire (en jaune)). (source Eco2mix RTE)

Et la supply chain dans tout ça ?

La supply chain, pour reprendre la définition classique, est un réseau organisé d’acteurs, en vue de produire des biens et des services.

Et c’est bien ce réseau qui va devoir faire preuve de sobriété énergétique dans les temps qui viennent.

Jusqu’à une date récente, la performance de la Supply chain se jugeait à l’aune des coûts associés à ses performances, et du niveau des investissements, ainsi que du ROI.

He bien, voilà, les choses ont changé, les vertus cardinales seront maintenant la sobriété (et pas seulement énergétique) et la résilience. La sobriété, cela semble maintenant évident, et la résilience s’en suit, car les coups de Trafalgar comme nous sommes en train de vivre, sont parfaitement susceptibles de se reproduire, à n’importe quel moment,

De la théorie à la pratique, il y a un grand pas

Tout ceci est bien beau, voire prévu, mais nombre des acteurs de la supply chain vont se poser des questions sur l’art et la manière d’y arriver, chose qui n’a pas été explicitée dans les déclarations gouvernementales. Voici donc quelques angles d’approches dont on peut espérer qu’ils rendront les choses plus atteignables.

  • Ne pas dissocier la sobriété énergétique de la sobriété physique, l’une ne va pas sans l’autre, car produire le matériel, c’est bien utiliser de l’énergie. A cette aune, toute la politique de stocks de l’entreprise et de sa supply chain doivent être revus.
  •  Adopter une approche holistique, de bout en bout, pour examiner les consommations énergétiques des uns et des autres, car produire un objet avec peu d’énergie, qui lui, se révèle un gouffre énergétique, serait un non sens complet.
  • Travailler en réseau proactif avec vos partenaires, c’est la seule manière d’avancer, recherchez les solutions les plus sobres sur le cycle de vie, le réemploi des composants, la réduction des quantités de transport, la mutualisation de ressources, les emballages etc.. Ceux qui veulent s’en sortir seuls, mourront seuls.
  • Revisiter vos investissements, à l’aune de la sobriété et de la résilience, prendre en compte tous les risques de pénuries qui peuvent y être associés. Ceux-ci se sont déjà révélés dans les mois passés, et rien n’indique qu’ils ne se reproduiront pas. Et si vos investissements passent ces deux tests, sécurisez les par les meilleurs moyens, quitte à en annuler d’autres.
  • Jouez « Short », évitez les plans hyperoptimistes (même si vous vendez des pompes à chaleur ou des vélo électriques, vous pouvez être victimes d’un fournisseur en rupture).
  • Impliquez les acteurs, internes ou externes, pour les sensibiliser à la question, les former aux bonnes pratiques et recueillir leurs initiatives à quelque niveau que ce soit (transports, isolation des locaux, revue des processus, etc…).
  • Organisez le pilotage de la démarche, utilisez votre ERP, voire adaptez certains reports, pour métriquer les consommations de vos postes de travail, les factures de vos fournisseurs d’énergie, les bilans énergie de vos transports, etc… Et faites un suivi régulier, avec plans d’actions, priorisations, Kaizen, et tout le toutim d’une démarche de plan de progrès.
  • Oubliez l’hyperspécialisation internalisez des compétences ou des process clés, qui aujourd’hui représentent des impacts énergétiques majeurs, mais qui demain, seront soit inabordables ou exposés aux ruptures.
  •  Inscrivez la démarche vers la sobriété et de résilience dans une stratégie de long terme qui mobilisera tous les acteurs (et pas seulement la supply chain) de l’entreprise.

Pour conclure

             Il faut bien conclure, c’est dommage, car l’énoncé des actions proposées, ne couvre, à mon sens, qu’une partie de la problématique. Mais on pourrait noter que :

  • Tous les modèles de supply chain doivent être revisités de fond en comble en prenant en compte la nouvelle donne.
  • La garantie de survie de la supply chain découlera de sa pertinence en termes de sobriété et de résilience, et ce sera la seule métrique qui comptera.
  • La compétence d’analyse systémique des acteurs de la supply chain sera mise à rude épreuve, autant l’améliorer en profondeur, et investir en montée de compétence.
  • Et ça commence tout de suite, pour une durée encore indéterminée, mais vraisemblablement longue.

Le ciel vous garde en joie.

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